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ALGUES VERTES

Algues vertes : un rapport ministériel pointe la responsabilité de l'agriculture industrielle

Les ministères de l'Ecologie et de l'Agriculture ont passé en revue la littérature scientifique relative aux algues vertes et le bilan est sans appel : le développement de l'agriculture industrielle est le premier responsable.

> "La réduction des apports azotés liés aux activités agricoles et d'élevage reste l'objectif le plus pertinent pour limiter la prolifération des algues vertes." Telle est la principale conclusion du rapport "Bilan des connaissances scientifiques sur les causes de la prolifération des macroalgues vertes – Application à la situation de la Bretagne et solutions", rendu public le 22 mai 2012 par le ministère de l'Ecologie.

> Rédigé conjointement par le Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) du ministère de l'Ecologie et le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) du ministère de l'Agriculture, le document de près de 150 pages "établit un état des connaissances sur les proliférations d'algues vertes et apporte une analyse critique des arguments de la contestation du rôle des nitrates agricoles".

> Une campagne de déni des fondements scientifiques

> En préambule, les auteurs rappellent que "la mise en œuvre du plan d'action gouvernemental « algues vertes » en Bretagne est perturbée par une campagne de remise en cause des fondements scientifiques expliquant la prolifération de ces ulves, sur lesquels est fondée l'action de l'Etat". Il s'agit là d'une"contestation [qui] traduit l'inquiétude de la profession agricole directement mobilisée par les mesures correctrices du plan (réduction drastique des nitrates dans les eaux)", estiment les auteurs du rapport.

> Pourtant, "aucun des facteurs physiques (lumière, température, pluviométrie, hydrodynamique côtière) comme biologiques et écologiques (espèce d'ulve, faune herbivore, effet des perturbations comme les marées noires) n'a connu d'évolution marquée pouvant expliquer de telles proliférations", relèvent les rapporteurs, ajoutant que "par contre, parmi les facteurs chimiques, les apports au milieu marin d'azote et de phosphore (ceux de silicium étant restés stables) sont impliqués fortement".

> Hausse des teneurs en nitrates

> Les apports d'azote et de phosphore "ont augmenté de façon considérable à partir des années 1960 et leur concentration s'est accrue dans les zones de prolifération d'ulves", indique le document, insistant sur le fait que "contrairement à ce qui est parfois avancé, on dispose donc de données assez conséquentes dès 1971". Les auteurs se basent en particulier sur les relevés quinquennaux établis dans le cadre du plan d'inventaire national de la pollution (pour les années 1971, 1976 et 1981) et de "quelques données de suivi annuel".

> Et le document de préciser que la valeur de référence des teneurs naturelles est de l'ordre de 2 à 3 milligrammes par litre (mg/l). En 1971, les concentrations en nitrates varient de 0,5 à 11 mg/l, avec une moyenne de l'ordre de 5,5 mg/l. En 1976, elles sont en hausse d'environ 36% "dans pratiquement toutes les rivières", s'établissant à 7,5 mg/l avec un maximum de 18 mg/l. Les cinq années suivantes sont marquées par une hausse de 286% des concentrations en nitrates, avec en 1981 une moyenne à 21,5 mg/l et des valeurs maximales qui "culminent" à 38 mg/l. Les données pour les années suivantes ne sont pas présentées mais le document stipule que la décennie 1980-1990 marque un maximum.

> Développement de l'élevage

> Par ailleurs, plusieurs arguments attestent d'une augmentation sensible des apports agricoles dès les années soixante en Bretagne.

> Il s'agit en premier lieu de la progression des productions animales en Bretagne. "Même si la progression s'est ensuite accélérée, le développement des productions animales en Bretagne avait commencé dès la fin des années 50", rappelle le rapport ministériel. Et d'expliquer que par rapport à 1950, les volumes produits en 1970 avaient été multipliés par 4 à 5 pour les volailles, 3 à 4 pour les porcins et 2 à 3 pour la viande bovine et le lait. Une hausse qui n'a eu de cesse de se poursuivre puisqu'elle a été multipliée par 5 environ depuis. "Le volume cumulé des productions de viandes porcines, bovines et de volailles atteignait 519.000 tonnes en 1966, soit environ 20% des volumes actuels", pointent les rapporteurs.

> Par ailleurs, en-deçà de 100 habitants par kilomètre carré (h/km2), il n'est pas possible d'incriminer la pollution liée à la population pour expliquer l'eutrophisation des masses d'eau côtières. Or, cette limite n'a été dépassée qu'en 1990.

> Et de conclure : "il ne semble donc pas exister de discordance notoire entre la période où les marées vertes prennent de l'ampleur en Bretagne et celle où les apports d'éléments fertilisants par les rivières ont augmenté sensiblement par rapport à des références historiques".

> Sortir du dialogue bilatéral Etat-agriculteurs

> Quant aux conclusions du rapport, elle sont en accord avec le constat formulé auparavant : "une réduction des apports d'azote liés aux activités agricoles et d'élevage, associée secondairement à la protection et à la restauration des zones humides, sera l'objectif le plus adéquat pour parvenir à limiter les proliférations d'ulves". Une action d'autant plus justifiée que "la part agricole représente au moins 90% des apports azotés et ne semble pas régresser [et qu'] elle est de 50 à 60% pour le phosphore, en croissance relative du fait des efforts en cours sur les réseaux d'assainissement".

> Par ailleurs, les auteurs jugent qu'il est temps d'agir puisque les données scientifiques justifiant une stratégie de réduction des rejets azotés agricoles sont suffisant. De nouvelles études complémentaires "ne serviront qu'à conforter, en les détaillant, les acquis scientifiques actuels".

> Par ailleurs, rappelant que la concertation à cinq du Grenelle, "[a] permis de mettre en évidence les conditions d'une « gouvernance » à respecter pour organiser l'action collective", les rapporteurs recommandent indirectement de ne pas limiter la concertation aux discussions avec le monde agricole. "Il n'est plus possible de limiter le débat public à un mode de dialogue bilatéral, comme tente de le faire actuellement une partie du monde agricole en interpellant l'État sur les fondements scientifiques du plan gouvernemental de lutte contre les algues vertes", assènent-ils.

> Sans aucun doute consciente des difficultés engendrées par une réduction des apports agricoles, "la mission insiste sur la nécessité de poursuivre les efforts d'information et de communication vis-à-vis de l'ensemble des acteurs et de s'inscrire dans une stratégie à long terme visant à offrir des perspectives positives à l'ensemble de ces acteurs".



21/07/2012
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